Lorsque la péninsule ibérique a été envahie par les Maures, les anciens chrétiens craignant que les Saintes effigies ne soient profanées ou détruites, cachèrent bon nombre d'objets de culte ou de statues dans des lieux isolés, loin des populations ou elles seraient conservées à travers les temps, par la Providence. Beaucoup ont été retrouvées après la reconquête; laissant aux intentions de Dieu le soin de leur découverte pour favoriser la dévotion à sa mère aimée la Vierge Marie, au moyen de prodiges.
La légende de la Virgen del Rocio fait très certainement partie de ces prodiges.
Elle est transcrite en détail, dans le livre des Règles de la Fraternité Matrice d'Almonte de 1758.
Un habitant de la ville de Mures (aujourd'hui Villamanrique de la Condesa) appelé Gregorio Medina (selon une certaine Légende) était sorti de la ville pour aller chasser.
En arrivant au lieu dit « la Rocina », une forêt inculte et pleine de broussailles, dans laquelle il y avait des lustres que ne pénétrait aucune personne; ses chiens sont entrés dans les broussailles, et ont par leurs aboiements et attitudes fait état d' une inquiétude inhabituelle.
Intrigué par leur comportement, avec beaucoup de difficultés, et mené par son instinct de chasseur, il pénétra à intérieur des broussailles. S'étant rapproché de ses chiens, il aperçoit une statue colorée posée sur le tronc d'un arbre, s'approchant, il l'examine, et reconnaît en elle la Mère de Dieu. Cette statuette était en position debout, et revêtue d'une tunique de toile blanche et verte, avec une inscription latine au dos : "Nuestra señora de los Remedios".
Abasourdi, subjugué par tant de beauté , il se met à vénérer la statue de la Vierge et il commence immédiatement, au prix d'un grand travail à la sortir de son carcan de ronces. Il veut la ramener à la ville d' Almonte, éloignée de trois lieues.
En chemin, écrasé de fatigue, il s'endort et en se réveillant s'aperçoit que la statue sacrée a disparu. Éperdu, il cherche autour de lui, et décide de retourner à l'emplacement où il l'avait trouvée, et là, il la voit dans la même position où il l'avait découverte. Reconnaissant que par le biais de ce prodige singulier et admirable, la Señora déclarait sa volonté de rester là elle était, il ne la reprit pas.
Il se rendit alors à Almonte raconter tout ce qui s'était produit, et propager la nouvelle. Le clergé et le Conseil municipal de la ville suivis de nombreux habitants, se rendirent sur le lieu de la découverte de l' effigie de Marie.
Immédiatement, on a réalisé là un petit ermitage et il a été construit un autel de telle sorte que le tronc dans lequel elle a été trouvée, lui serve de piédestal.
Malgré le nom qu'elle portait, "Los remedios", ils la baptisèrent "Nuestra Señora de las Rocinas" (Notre Dame des épines) dont le nom a été changé au cour des temps par le mystérieux et poétique "Nuestra Señora del Rocio" (Notre dame de la Rosée).
La terrible épidémie de peste qui ravagea la région de Séville dans l'année 1649 aurait été arrêtée lorsque les habitants d' Almonte ont décidé de porter la "Virgen del Rocio" à l'église paroissiale de la ville.
Pour cette raison,une fête solennelle fut organisée, ou elle fut élue Sainte Patronne. Depuis cette époque, est instituée une festivité annuelle le deuxième jour de Pâques de l'Esprit Saint ainsi que la Romeria.
La bulle Pontificale du 8 septembre 1918 arrête et ordonne que soit couronnée "Nuestra Señora del Rocio".
Ce Couronnement Canonique a été mené à bien au cours d'une cérémonie solennelle le 8 juin 1919 par le Cardinal de Séville Enrique Almaraz y San.
Sa couronne est inspirée de celle de "la Virgen de los Reyes" située dans la cathédrale de Séville. (La virgen de los Reyes a été la première Vierge d' Andalousie Couronnée canoniquement le 4 décembre 1904).
La tenue vestimentaire habituelle de la Virgen del Rocio est celle de la Reina de los Cielos (Reine du Ciel).
Ell est habillée à la mode des autrichiennes, avec un "verdugado" ou cadre cerceau placé sous la "basquiña" ou jupe évasée; un corsage, "gorgera" avec dentelle et la tête couverte du manteau comme un voile.
Un nouveau bébé Jésus est réalisé, qui est placé entre ses mains, elle l'offre aux fidèles, raison pour laquelle elle change son statut de Reine en Majesté, en se presentant de face dans une attitude hieratique.
Malgré tous ces changements majeurs, sa configuration visuelle actuelle sera fixée au milieu du XVIIIe siècle, lorsque le croissant sera ajouté à ses pieds signe de l'Immaculée Conception (ce dogme ne sera formalisé qu'en 1854).
Le rostrillo, ornement métallique qui encadre l'ovale facial, inspiré du turban en tissu du XVe siècle et son poinçon, l'éclatement de "pointes de marteau d'argent", les huit grands demi-cercles d'argent en argent doré qui encadrent la figure et qui prétendent être de la dentelle au fil d'argent.
Une fois tous le sept ans, on peut la voir se transforme en bergère (Virgen de pastora).
L'origine de cette transformation remonterait au XVeme siècle. Statue polychrome du XIIIeme siècle d'influence gothique qui représente la Mère de Dieu debout présentant l'Enfant.